Oligo
On le distingue facilement : ardent dans ses plaisirs, désireux de "tout savoir" mais doué pour changer son attention sur un objet comme de chemise, ... ; voici, en gros, le portrait du petit universitaire.
Si vivace soit son imagination, il ne crée pas grand chose, et ses jugements, n'étant que rarement approfondis étant donné l'intangibilité de ses centres d'intérêts, sont le plus souvent arides et clichés.
Envieux de la réputation des intellectuels ou/et artistes plus que de la valeur de leur travail, voir la portée de cette dernière ( épistémologie ), il veut embrasser toutes les sciences et les arts, et par cette raison là même, il n'excelle dans aucune de celle ci.
Sans prêter le moindre regard sur ses dispositions, c'est à dire sur ce qu'il est ou non réellement compétent à faire, il s'engage dans une voie ( qu'il négligera certainement pas la suite ) où sans cesse son esprit devra réinventer la motivation qui guide et guidera ses pas.
L'oscillation de ses envies feras de lui le plus grand des lunatiques, ainsi qu'un grand impuissant. ( le sentiment d'"inutilité de son existence" le guette ) Pourtant, ce modique esprit conserve une grande estime de lui même, et cherche sans cesse, par son air insolent et inabordable, à se démarquer des autres malgré la fragilité et la futilité de sa condition, de son existence.
Peut être s'identifiera t-il comme étant un "être en devenir", ( manière de se rassurer ) mais à vrai dire il n'a aucune fin, à part celle d'apprendre pour apprendre, et de faire de cette activité un objet de crânerie. Jamais l'insignifiant étudiant n'aura pris la peine de
se penser.
En d'autres termes, il ne se connait pas.
Comme l'annonce J.J.Rousseau : "la science d'eux mêmes est la plus nécessaire de toutes et celle qu'ils possèdent le moins."
Cela se traduit par l'oubli de soi, et cette fois ci non pas dans les jeux vidéos, les études scolaires ou encore la télévision, mais par la lecture et la valeur intrinsèque qu'il octroie à cette activité. Il ne s'attardera jamais, à tort, sur bien des questions existentielles, cependant essentielles, que plus personne ne semblent s'imposer aujourd'hui.
L'amour propre, dans ce cas, aveugle tant d'individus et annihile tant de potentialités ! Connaitre la modestie et sa propre valeur ( de lui même ), voila ce qui manque à tous ces esprits épris de totalité.
Si vous lisez "l'adolescent" de Dostoïevski, vous verrez à quel point les aspirations d'un jeune homme en quête d'absolu aboutit aux comportements les plus absurdes et aux résolutions les plus irréfléchis.
Combien d'individus égarés, dissipés, naviguent d'objet en objet sans pouvoir un instant s'arrêter sur ceux qui méritent, chez eux, toute leur concentration ?
C'est son "esprit d'indépendance" ( je ne crois pas qu'il sache de quoi il parle dans ce cas ), son opposition acquise ( non naturelle ) pour tout ce qui pourrait développer le germe de ses heureuses dispositions, qui le rend si frivole, si étrange, si froid, si difficile, si inaccessible et en définitif si malheureux.
La méthode de vie consisterait donc, au fond, à bien isoler et connaître ses éléments ; le reste n'est rien, ou simple objet de loisirs. L'apothéose, en cette approche, est atteint quand on arrive à la quantification de nos possibilités.