Malgré mon manque de recul et d'expérience qui, je l'admet, pourrait affaiblir la valeur de mon jugement étant donné l'excessive complexité de mon sujet, je tiens néanmoins à vous faire part de ma vision du monde, à laquelle je m'inscris, je vous l'accord, avec un vif sentiment de désabusement et de pessimisme.
Sachons cependant, pour éviter tout a priori inconvenue, que je n'adhère pas à cet état d'esprit par simple tendance vague de mon existence, pour une légère rancoeur qui s'oubliera aisément à l'avenir ou encore pour prétendre m'imbiber du sentiment vécu par Baudelaire et tant d'autres poètes et littérateurs, qu'ils appelent le spleen.
A ce titre, je ne m'enrôle ni dans un effet de mode, ni dans un état passagé.
Où je rejoins les "antimodernes", ( Baudelaire faisant éminemment partie de ce mouvement intellectuel ) c'est dans leur dénonciation de l'optimisme comme étant un état de paresse, d'oubli et de faiblesse accompagné, à leur époque, du positivisme bergsonien et de la philosophie des Lumières qu'ils jugèrent justement trop optimiste.
Le pessimisme, au contraire, tel que je le conçois, mène l'homme à accroitre son activisme. Il apporte à ce dernier "l'énergie du désespoir". ( propos énoncés par Chateaubriand ) Pour approfondir ce point, nous pouvons également nous référer aux argumentaires développés par Barthes et Pasolini dans leurs différents ouvrages.
L'objet de mon article n'étant pas le pessimisme, mais ma "vision du monde", je vous renvoie à la lecture de l'ouvrage passionnant de A.Compagnon intitulé Les antimodernes de Joseph de Maistre à Roland Barthes si, du moins, vous désirez approfondir vos connaissances sur l'effervescente période qu'est le 18ème jusqu'aux 20ème siècle en Europe.
Au vue de "l'introduction" que je vous ai livré, la question que vous pourriez me poser serait : "Mais que déplorez vous à notre existence sur ce globe bleu-vert ?"
Disons les choses comme je les vois, et ainsi partageons mon avis ( en toute modestie ) : A n'en pas douter, la liste des tares de notre monde est longue. Tout d'abord l'influence de la "marchandisation" de nos vies, qui ne fait plus de l'homme un homme, en lien avec l'instruction déplorable qui lui est "garantie" par un système éducatif en déliquescence depuis les années 60 ( voir Tony Judt, n°162 de la revue Le débat ), mais un "propriétaire", un "client" ou encore un "contribuable" comme l'observent nos chères politiciens et leurs amis, l'élite économique et financière.
Mon discours tourne t'il, selon certains d'entre vous, en une soupe "conspirationniste" ?
Dans ce cas, ne lisez pas la suite de mon article, s'il vous semble que l'on ne peut pas s'accorder, comme le font ces gens là ( petit clin d'oeil à J.Brel ), le "bénéfice" de l'exagération.
L'abâtardissement de l'espèce humain à l'oeuvre conduit, ( chiffre vague, je m'associe à ce constat ) avec son mou contentement de soi et ses frêles espérances, insufflés par le positivisme et l'optimisme aveuglant de générations d'intellectuels et politiciens entières, aux grands drames sociaux que nous observons, désillusionné, de nos jours.
Le drame de la condition humaine, c'est entre autre : - la réponse vaine à toutes ses passions, qui emportent au passage la majorité de ses vrais intérêts que sont le développement de ses capacités physiques et intellectuels, etc
- L'implosion de l'esprit raisonnable et raisonné, comme le dit très bien D. Schnapper dans son excellent billet En qui peut on avoir confiance ?, publié dans la revue tout aussi excellent Commentaire.
- Le déclin du "modèle" occidentale, ou déclin de l'occident, ( titre d'un livre de Spengler dont je m'inspire sans l'avoir lut pour l'instant ) gavé de sa pédanterie et de ses certitudes abjects, oisifs et profiteurs vulgaires des acquis issues du passé que sont notamment ses "valeurs universelles", accordant, dans le flou politique de nos représentants et de nos "faiseurs d'opinion", le droit de citer aux socialistes et au libéralisme le droit de se taire, alors qu'il ( le peuple ) n'entend rien à ces différentes doctrines. ( comme pour l'économie d'ailleurs, tous les bavardages "modernes" sont ainsi fait, à la base, sur des jugements non révisés et superficiels. )
Avançant dans le sombre couloir de la "modernité" auquel il doit s'inscrire, ( l'expression si insignifiante et pourtant exprimée sans arrêt : "il faut vivre avec son temps" ) l'individu, dont on coupe tout repère et toute source d'émancipation réelle, ne conçoit sa "réussite" que dans l'octroie d'un statut professionnel et dans la jouissance matériel.
Le même occidental se voit aujourd'hui froissé par toutes ces puissances en développements, qui constitueront demain des pôles à dimension politique, culturel, social et économique essentiels à l'échelle mondiale, ( Chine, Inde, Brésil, ... ) et qui forgeront à l'avenir une planète "multi-polarisée", parce qu'il ressent ses prérogatives partirent en fumé.
Notons par exemple le poids de moins en moins perceptibles de la France aussi bien dans les affaires à l'échelle européenne que mondiale, avec l'aggravation de sa situation suite aux événements diplomatiques survenus entre les pays du Maghreb, ... Mais également l'affaiblissement des États-Unis survenus après la crise financière de 2007. Ces mêmes États-Unis qui redoutent, à n'en pas douter, l'avenir multi-polaire, puisque cela remettra en cause l'affirmation de leur puissance hégémonique existante depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ou du moins après la chute du mur de Berlin.
La décadence occidentale, c'est aussi cela : croire que le voisin nippon ou indien ( pour ne citer que ces deux exemples ) voudra à son tour jouir de sa force de diffusion pour véhiculer à l'échelle mondiale son modèle culturel et ses principes, comme l'on fait les États-Unis via la globalisation.
Mais pourquoi ces mêmes peuples voudront universaliser leur propre idée ? En quoi se base l'argumentaire occidentale ?
Peut être que ces puissances à venir ne cherchent qu'à prospérer, et non à généraliser un moule d'aliénation et de brutalité.
Non, ces états ne sont sans doute pas non plus adeptes d'un post-colonialisme déguisé, qui se traduit dans les faits sous les beaux traits de phrases telles que le "droit au développement", la "démocratisation" ( comme en Afghanistan et en Irak ), le "droit à l'instruction" ( c'est à dire oublier sa culture, s'inscrire dans un processus de déculturation ) afin , en définitif, de vendre sa dignité et son humanité pour devenir un consommateur désirant et un producteur servile.
Je finis ( brutalement je l'avoue ) mon exposé en vous proposant de regarder cette video. Je n'ai plus grand chose à ajouter après cela :